Accompagner un être cher dans ses derniers instants est une épreuve intense qui met le corps et l’esprit à rude épreuve. Entre l’inquiétude permanente, la gestion du quotidien et la charge émotionnelle immense, la fatigue s’installe insidieusement, souvent sans que l’on s’en rende compte.
Un épuisement silencieux
Les journées s’allongent, rythmées par les soins, les visites médicales, les attentes interminables et l’incertitude. Les nuits sont courtes, fragmentées par les réveils pour surveiller, pour écouter, pour répondre aux besoins de l’autre. Même quand on dort, l’esprit reste en alerte, hanté par la peur de ne pas être là au bon moment, de manquer un dernier souffle, un dernier mot.
Un poids émotionnel écrasant
Les émotions fluctuent entre tristesse, peur, colère et espoir, créant une montagne russe intérieure épuisante. On veut être fort, tenir bon, rassurer, mais en même temps, on se sent submergé. Voir un proche souffrir, décliner, perdre peu à peu son autonomie et parfois son essence est une douleur sourde qui use à petit feu. Il y a cette impuissance face à l’inévitable, cette lutte intérieure entre vouloir rester présent et ressentir l’envie, parfois la nécessité, de fuir pour souffler.
La culpabilité, un fardeau supplémentaire
La fatigue s’accompagne souvent de culpabilité : culpabilité d’être agacé, de ressentir du soulagement à l’idée que tout cela se termine, de vouloir prendre du temps pour soi alors que l’autre s’éteint. On s’en veut d’être fatigué alors que celui qui part vit ses derniers instants. Pourtant, cette fatigue est normale, inévitable même.
Le corps aussi dit stop
Le stress et l’émotionnel finissent par peser sur le physique : tensions musculaires, migraines, troubles du sommeil, baisse d’immunité, irritabilité… Le corps exprime ce que l’esprit essaie de contenir. Il arrive un moment où il devient difficile de se concentrer, de prendre du recul, où tout semble flou et surréaliste.
S’autoriser à souffler
Dans ces moments, il est essentiel de se rappeler que l’on ne peut pas donner sans limites. Prendre du repos, déléguer, accepter de ne pas être présent à chaque instant, c’est aussi une manière d’aimer. Il ne s’agit pas d’abandonner, mais de préserver son énergie pour pouvoir continuer à accompagner sans s’effondrer.
Accompagner la fin de vie d’un proche est une épreuve de cœur et de corps. C’est un chemin douloureux mais aussi un apprentissage sur nos propres limites, sur l’importance de l’équilibre entre présence et préservation de soi. Car, après la mort, il faudra continuer à vivre. Et pour cela, il faut garder un peu de lumière en soi.