Accompagnement & soutien de la personne à domicile

Julia Paiano – Indépendante à domicile

Quelques écueils à éviter pour accompagner avec justesse et bienveillance

Accompagner avec justesse et bienveillance

Être aux côtés d’un proche en fin de vie est une expérience profondément humaine, qui demande à la fois sensibilité, écoute et présence. Pourtant, face à l’intensité du moment, il est naturel de se sentir démuni et de chercher les bons mots, les bons gestes. Dans cette intention sincère d’apporter du réconfort, certaines attitudes, bien que pleines de bonnes intentions, peuvent parfois créer de la distance ou de la maladresse.

L’accompagnement ne repose pas sur la perfection, mais sur la capacité à être là, simplement, avec le cœur ouvert. Voici quelques écueils à éviter afin d’offrir une présence qui respecte le rythme, les besoins et l’intimité de la personne en fin de vie.

Minimiser ou nier la réalité

Dire des phrases comme « Ça va aller »« Ne t’inquiète pas, tu es fort(e) » peut sembler rassurant, mais cela peut empêcher la personne d’exprimer ses émotions profondes. Mieux vaut écouter sans vouloir détourner ou embellir la réalité.

Éviter les sujets sensibles par peur de blesser

Certains évitent de parler de la mort ou des regrets de la personne par crainte de l’attrister. Pourtant, permettre à la personne d’évoquer ce qui lui tient à cœur, ses peurs, ses espoirs ou ses souvenirs, est un immense cadeau.

Lui imposer son propre rythme

Il faut respecter le fait qu’une personne en fin de vie a des moments de fatigue, de silence, de présence et d’absence. Ne pas forcer la conversation ou les gestes, mais être à l’écoute de ce dont elle a besoin à l’instant présent.

Parler d’elle comme si elle n’était pas là

Même si elle ne peut plus répondre, elle entend et ressent. Éviter de parler d’elle à la troisième personne ou d’évoquer des décisions sans l’inclure dans la conversation.

Vouloir absolument « bien faire »

L’accompagnement en fin de vie n’a pas de recette parfaite. Vouloir être dans la maîtrise peut générer du stress et empêcher d’être simplement présent, dans une écoute ouverte et authentique.

Se focaliser uniquement sur le médical

Les soins sont essentiels, mais la dimension humaine, émotionnelle et spirituelle est tout aussi importante. Parfois, une main posée, un regard, une présence silencieuse valent plus que des gestes techniques.

Refuser ses émotions

Face à une personne qui part, on peut être submergé par ses propres émotions. Plutôt que de les fuir ou de les étouffer, les accueillir permet d’être vrai et d’éviter de mettre une distance artificielle.

Empêcher la personne de « partir »

Dire des phrases comme « Tiens bon »« Ne nous laisse pas » peut être une façon d’exprimer son amour, mais cela peut aussi créer une tension pour la personne en fin de vie. Laisser partir, c’est aussi un acte d’amour.

Négliger l’importance des rituels et des derniers souhaits

Certaines personnes ont besoin de dire au revoir, de recevoir un dernier geste, une prière, un chant, un parfum, un contact avec la nature… Respecter ces demandes, même si elles nous semblent anodines ou inhabituelles, est essentiel.

S’oublier soi-même

Accompagner quelqu’un en fin de vie demande de la force. Prendre soin de soi, exprimer son propre ressenti à d’autres, se reposer, permet de rester pleinement présent sans s’épuiser.

En fin de compte, il ne s’agit pas tant de « bien faire » que d’être là, sincèrement, avec son cœur et son humanité.